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Ars Moriendi

Sabrina Martinez / Marie Passarelli
Photographie, Vidéo, Installation, 
Peinture, Dessin


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L'eau. Glauque, noire, rouge, plombée. La matrice originelle de Venise. Un limon boueux, une épaisseur liquide. On oublie trop, devant l'élégance des palais, le cisèlement des architectures, que cette ville est née de la fange, que ses fondateurs, fuyant les barbares qui envahissaient la terre ferme, se sauvèrent au milieu de la lagune, pour y trouver un refuge inaccessible aux Huns. Dédale de passes et d'îlots, à l'abri de la cupidité d'Alaric, d'Attila. Un refuge stratégique, mais peut-être aussi quelque chose de plus : une protection comme maternelle, dans cet élément pâteux, marécageux, souillé. L'eau de Venise n'est pas une eau claire : c'est une eau consistante, substantielle, une eau prénatale, plasmatique, une matière première. Plus matérielle, a-t-on envie de dire, que les arabesques aériennes découpées dans le marbre translucide des palais...Venise a un corps de glaise et de lie. On l'a comparée à Vénus : née de la mer, comme la déesse. Mais la mer de Venise, adriatique, crépusculaire, a les couleurs du bitume et de la poix. Eau lourde, bouche d'ombre prête à reprendre et à rouler dans son limon les hasardeuses constructions dues à l'effort humain.


L'aqua. Glauca, nera, rossa, piombata. La matrice originale di Venesia. Un limo fangoso, uno spessore liquido. Si dimentica troppo, davanti all'eleganza dei palazzi, il cesellatura delle architetture, che questa città è nata del fango, che i suoi fondatori, sfuggente i barbari che invadevano la terraferma, scapparono nel mezzo della laguna, per trovare un rifugio inaccessibile ai Huns. Dedalo di passaggi e di isolette, al riparo dalla cupidigia di Alaric, di Attila. Un rifugio strategico, ma forse tanto qualche cosa di più : una protezione come materna, in questo elemento pastoso, paludoso, sporco. L'acqua di Venezia non è un acqua chiara : è un'acqua consistita, sostanziale, un'acqua prenatale, plasmatica, una materia prima. Più materiale, ha invidiato di dire, che le arabesche aeree traforate nel marmo traslucido dei palazzi...Venezia ha un corpo di argilla e di feccia. Si l'è paragonata a Venus : nata del mare, come la dea. Ma il mare di Venezia, adriatico, crepuscolare, ha i colori del bitume e della pece. Acqua pesante, bocca di ombra suscita riprendere ed a circolare nel suo limo le rischiose costruzioni dovute allo sforzo umano.