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GHOSTS



Notre relation à la mort a changé tout au long des siècles, mais des masques funéraires aux médaillons de porcelaine apposés sur les tombes, l'image du visage du défunt a toujours accompagné les vivants.

La photographie, dont on dit souvent qu'elle immortalise les visages qu'elle capture, n'offre en fait qu'une pérennité relative aux êtres disparus. En effet la photographie est elle aussi vouée à disparaître et à s?effacer, tout comme les êtres qu?elle représente et dont elle célèbre la mémoire.

En révélant à nouveau ces visages avec des émulsions issues des plantes, l'image des défunts revient pour un nouveau cycle. Un temps indéterminé à l'instar de toute existence. En effet, l'anthotype* ne pouvant être fixé contredit le but de la permanence, son essence même étant ce caractère éphémère. A travers ce travail j'explore la transformation perpétuelle du vivant tout en affirmant la survivance du corps humain liée à celle du corps végétal.

Ainsi l'anthotype, de par son processus, permet de considérer l'acte photographique comme l'ensemble de la chaîne technique, et non comme le seul déclenchement. Cette recherche revient donc à mettre en perspective le geste et la matière, et à revendiquer l'incidence de la fabrication sur le sens de l'image.


*L'anthotype a été inventé par Sir John Herschel. Il en décrit le processus chimique dans son article de 1842 "On the Action of the Rays of the Solar Spectrum on Vegetable Colours, and on some new Photographic Processes", publié dans la revue Philosophical Transactions of the Royal Society.

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